mardi 3 mai 2011

Avez-vous pensé à valider votre ticket ? (dans le bus, ouech gros)



Il fait beau, les gens sont tout bronzé de la tête, tu kiffes pouvoir à nouveau manger des fraises sur ton balcon, il est donc temps pour nous de nous replonger dans une fantastique aventure. Comme tu es devenu ultra écolo depuis que tu as tapé « bébé phoque » dans Google Image, et tu que es tombé sur un panel de photo pas super mignonnes de petites boules de poils ensanglantées, ta vie c’est de prendre le bus pour aller faire des pique-niques végétariens. Alors dit comme ça, ça n’a pas l’air d’être l’activité la plus folle du monde, mais en fait, le bus est un petit univers assez fascinant dans lequel tu es le roi du ghetto.

Le bus est le lieu de vie de gens qu’on ne rencontre jamais dans la vraie vie, et ça, tu vas vite t’en rendre compte parce que ta première activité va être d’espionner discrètement tout ce petit monde, en faisant semblant de scruter pour la dixième fois le trajet de la ligne 58 affiché en l’air. Les enfants qui vivent dans les bus ne sont pas des enfants normaux, ce sont des enfant-fouines : ils lèchent les barres verticales avec une expression de satisfaction assez déconcertante (cependant, j’en profite pour clamer « Laissez vos enfants manger de la boue, c’est meilleur pour les défenses naturelles qu’un bon actimel »), ils changent de places en moyenne 56 fois par minutes mais surtout, ils fixent (et ça, ça fait super peur, surtout si t’as un bouton sur le front que tout le monde fait mine de ne pas avoir remarqué parce que « la cruauté sort de la bouche des enfants », et il y a une chance sur deux pour qu’il informe sa mère de ton excroissance éphémère, et par la même occasion, la totalité des occupants du lieu). Je pense donc que les enfants du bus sont tout simplement des espions ultra entrainés et donc super rapides, super résistants aux maladies, et super observateurs. Deuxième habitant du bus qui ne t’aura pas échappé : la meuf qui a décidé de faire des courses pour 3 mois et qui a le super pouvoir de porter 9 sacs. Cette personne est très repérable puisqu’elle prend deux sièges ET la moitié du couloir (ce qui commence à faire beaucoup), mais comme il n’existe pas encore de ticket à tarif réduit pour tas de sacs en plastiques, personne ne peut rien lui dire (à part peut-être l’enfant-fouine, dans un élan de sincérité qui le caractérise). Dernier habitant du bus : l’adolescente qui s’engueule avec son copain par sms dans un silence total et sans aucune expression du visage (alors ça vraiment, si ça existait dans la vraie vie, ça se saurait). La seule raison pour laquelle tu es au courant de ce changement radical dans sa vie qui va durer 20 minutes, c’est que tu viens de lire par dessus son épaule, car qui dit téléphone tactile, dit grand écran (et puis c’est tout) !

La vie dans le bus pour une personne comme vous et moi répond à des règles simples. Aussitôt entré dans le bus, direction le fond. Le fond on pourrait croire que c’est pour les nuls, mais dans le bus, comme c’est un monde à part, les règles s’inversent, et le fond devient l’endroit le plus cool. L’explication est très simple : faut-il vraiment te remémorer ce voyage en Italie en 3ème avec la classe de latin ? Le « rang du fond » était alors l’endroit réserver aux « populaires » du collège. Depuis cette semaine de mars bénie des dieux romains, ton esprit fait un habile rapprochement et tes jambes te portent automatiquement vers ce sanctuaire du cool (et puis c’est tout) !

Depuis les sept bonnes minutes que tu viens de passer à lire cet article fort instructif sur la vie dans un espace réduit qui roule et qui s’arrête toutes les 2 minutes, tu te demandes bien comment tu peux devenir roi du ghetto. Dans le bus, tu te transformes en super héro-gangster-sweat-à-capuche-t’as-vu et ce, grâce au pouvoir de ton mp3 qui a comme par magie décidé de balancer du gros son qui tue : cet étrange phénomène a pour nom la « transformation Eminem ». Là encore, retournons en 3ème, en ce Saint samedi après-midi en ville, où tu as décidé d’aller au cinéma avec Rodrigo pour voir le film de toute une génération sponsorisée par Skyrock, « 8 miles ». Souviens-toi de cette scène où Eminem est tout seul, au fond du bus (Eminem a lui aussi fait option latin en 3ème), il est un peu en déprime parce que personne ne l’aime mais après il va devenir le plus fort de tous les rappeurs du monde. Et bien à ce moment même, avec tes petits écouteurs grésillants et ta chaîne en or qui brille d’H&M, tu regardes le paysage de ta vie qui défile devant tes yeux en remuant la tête et tu te sens puissant comme Eminem qui est en train de préparer les paroles de sa prochaine battle. La conclusion est simple : la musique d’Eminem rend invincible (et puis c’est tout) !

C’est pas tout ça, mais il va bien falloir finir par en descendre du bus (au risque de devenir un de ses habitants permanents, ce qui n’est pas franchement le rêve de toute une vie). Une fois les portes ouvertes grâce au petit bouton sur lequel tu as appuyé trop tôt, te voilà revenu dans le monde normal et c’est ainsi que s’achève notre aventure. Avant de te laisser en compagnie d’une pause musicale bien méritée (et absolument pas prévisible), je tenais à te dire, cher lecteur en short, que franchement, t’as vu, ça va, la famille, tranquille (car je suis, en réalité, reine du ghetto à plein temps). La prochaine fois, le thème de notre aventure ne sera pas « au milieu des sables mouvants ».

Peace, Love et promenade en barque.



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